Très chers amiscinéphiles... Où que vous soyez, en France, ou dans n'importe quelautre coin de la planète, je vous en conjure: veuillez mesoutenir moralement pour cette expérience que je m'apprêteprochainement à vivre. J'ai effectivement choisi de passer ceprochain début de soirée devant le récent documentaire qu'aréalisé en 2023 Christine Angot, née Schwartz le 7 février 1959.Romancière, dramaturge ou bien chroniqueuse chez ce pantin deLaurent Ruquier entre 2017 et 2019, la plupart d'entre nous connaîtcet affreux épouvantail pour ses prises de position systématiquementcontradictoires et pour ses humeurs aux relents de fins de soirée unpeu trop alcoolisées. Comme échappant aux ruines physiologiquesimputées à un trop fort degré d'alcool, cette dame aussi plaisanteà voir et à écouter qu'un cancéreux en phase terminale nousdétaillant les symptômes de la maladie parvient à transmettre auxspectateurs des effets secondaires nociceptifs d'ordre musculaire!Sans doute serais-je trompé par des souvenirs qui voudraient quel'expérience soit aussi ''gratifiante'' que lorsqu'un certainBernard-Henri Lévy nous infligea son nanardesque Le jour et lanuitil y a presque trente ans, mais je ne perds pas espoir de rire devantl'auto-suffisance de cette mégère bien que le sujet de l'inceste nes'y prête pas vraiment. Retour à venir...
*Avantde commencer, petite précision: si par pur hasard certainslisent cet article, qu'ils ne viennent pas ajouter leur petite phrasepersonnelle et assassine du genre ''Jene comprends pas qu'on passe autant de temps à écrire sur une œuvresi on ne l'a pas aimée''et autres joyeusetés du même ordre. Ce genre d'avis, je m'en tape.Tout comme dans le même ordre d'idée qui veut que Christine Angotse fiche de tout ce qui ne porte pas le sceau ''ChristineAngot''...**
''Impudiques,selon Christine Angot, sont les écrivains qui vont à la télévisionraconter leur vie...''
Ilserait à peine étonnant d'apprendre qu'en lieu et place d'untéléviseur, Christine Angot ait choisit d'installer dans son salonpersonnel, face à son canapé, un grand miroir mural pour s'ycontempler aussi souvent et aussi sûrement qu'elle aime à rabaissertoutes celles et ceux qui lui donnent l'occasion de s'adresser àelle. Une famillen'est pas la première occasion pour elle de participer à desprogrammes autres que sur les plateaux d'émissions télévisées. Cevéritable ''Tuel'Amour''auquel Laetitia Masson proposa de réaliser en 2001 le court-métrageEmmenez-lasur le thème de l'érotisme à partir de l'un de ses propres écrits(le narcissisme à son comble), inspirant notamment à plusieursreprises la réalisatrice Claire Denis (Voilàl'enchaînementen 2014, Un beau soleil intérieuren 2017 ainsi qu'Avec amour et acharnement cinqans plus tard), est donc la principale incarnation de ce documentaireécrit, réalisé et interprété par ses soins. Unanimement adoubépar la presse dite ''spécialisée' et par une partie des spectateursqui s'y sont risqués, Une familleest donc l'occasion pour Angot de se mettre en scène et devenirainsi l'actrice principale de sa propre tragédie. Un malheur qu'ellese croit contrainte de partager avec nous et qu'elle aime ici àrappeler aux intéressés de l'affaire tout en ne cachant pas levéritable sens premier du projet: être dans la lumière,quitte à déballer devant la France entière (ou du moins devantceux qui auront bien voulu jeter un œil au documentaire) son lingesale en famille ET en public... Est-ce que l'héroïne meurt à lafin...? C'est bien là tout le problème avec le formatdocumentaire. Faut pas s'attendre à un déploiementd'effets-spéciaux numériques ou pyrotechniques qui nousdébarrasseraient définitivement d'une protagoniste moribonde maisplutôt à un défouloir d'ordre nombriliste visant en priorité desspectateurs lobotomisés qui ne pourraient faire autrement qued'accepter le fait que tout ce qui concerne Christine Angot touche ausublime...
Futun temps où j'aurais pu m'intéresser et donc me pencher sur l’œuvrelittéraire d'Angot. Mais ses diverses interventions télévisuellesétant extrêmement pénibles, j'ai choisit de passer à côté depeur de voir l'ombre de cette mère-fouettard planer au dessus de matête durant sa lecture. L'inceste est semble-t-il au cœur de sonœuvre. Quatre romans au moins se penchent sur ce sujet qui l'atouchée et la touche encore. L'incesteen 1999, Unesemaine de vacancesen 2012, Un amourimpossibleen 2015 ainsi que Levoyage dans l'estsorti quant à lui en 2021. Nous expliquant qu'elle aimerait en finiravec ce drame qui l'obsède au point d'en faire son principal sujetdans ses livres et dans les médias, Angot persévère donc pourtantavec ce documentaire que l'on espère alors testamentaire. Non pasque l'on aimerait qu'elle passe à autre chose, on s'en fout, maisqu'elle cesse surtout de parler d'elle à longueur de débats,d'interviews ou de chroniques. S'agissant d'Unefamille,on le sait, les écrivains ne sont presque jamais de bons narrateurs.En voix-off, Angot aborde tout d'abord des éléments de son passéd'un ton monocorde. Première séquence, nous sommes en 1995 et safille âgée de quelques années seulement ramène une baguette dechez le boulanger. Toute mimi, filmée en Super8 du haut de l'appartement où elle et sa mère vivaient à l'époque.10 minutes plus tard, le ton a changé et Angot renvoie un visagepeut-être encore pire que celui qu'on lui connaissait jusqu'àmaintenant. S'introduisant avec force et agressivité dans la demeureoù vit la femme de son père (en fait, sa propre mère) maintenantdécédé, la romancière et désormais réalisatrice demande à lavieille dame des excuses et des explications. Sans même avoirl'autorisation d'entrer, poussant la propriétaire et imposantd'emblée la présence du cameraman, Angot obtient finalement d'elleles premiers fruits servant de matière première à son œuvre...
Beaucoupd'images d'archives dont on retiendra sans doute les moments de calmeet de partage avec sa fille. Pour le reste, Angot reste sourde faceaux réponses apportées par sa mère et ses deux demi-sœurs. Trèsou trop fière d'elle, ce qui importe avant tout, c'est sa véritéet non celle des autres. La discussion devient donc souventimpossible. Pas facile de savoir ce que veut vraiment Angot en allantinterroger les témoins de cette affaire d'inceste. Demeurer dans lalumière et entendre les autres parler d'elle, certainement. Au prixde devoir ressasser de manière obsessionnelle et jusqu'à la nausée.Quant à la forme que prend Une famille,on est proche de l'émission Strip-teasemais sans la note d'humour qui la caractérisait. Bref, à moinsd'être un fan très assidu de la romancière et de ses diverses (etinsupportables) apparitions à l'image, le documentaire de ChristineAngot offre peu d'intérêt...
*Modesecond degré activé.
**Mode second degré désactivé.